Quels sont vos droits face à une caution bancaire excessive ?

Lorsqu’une banque vous réclame le paiement intégral d’une dette que vous avez cautionnée, l’angoisse peut rapidement céder la place à un sentiment d’injustice. Vous découvrez que l’engagement pris représente plusieurs années de revenus, voire la totalité de votre patrimoine. Cette situation n’est pas une fatalité : le droit français encadre strictement le cautionnement et sanctionne les engagements disproportionnés.

La complexité réside dans le fait que la simple signature d’un acte de caution ne suffit pas à rendre celui-ci valable. Les tribunaux appliquent des critères précis pour déterminer si une caution est excessive, et ces critères constituent vos premiers leviers de défense. Avant d’envisager tout recours, il devient essentiel de comprendre comment qualifier juridiquement votre situation et de rassembler méthodiquement les preuves qui établiront la disproportion. Un avocat spécialisé en caution bancaire peut vous accompagner dans cette démarche stratégique.

Ce parcours de contestation s’articule autour d’une logique progressive : de la qualification juridique de l’excès aux leviers de contestation stratégiques, en passant par les preuves à constituer et les recours graduels adaptés à chaque situation. Chaque étape conditionne la réussite de la suivante, depuis l’auto-évaluation initiale jusqu’à la sécurisation préventive de vos futurs engagements.

Vos droits face à une caution excessive en 5 points clés

  • Les tribunaux évaluent la disproportion selon quatre critères jurisprudentiels précis applicables à votre situation personnelle
  • La constitution d’un dossier probatoire solide avant toute démarche multiplie par trois vos chances de succès
  • La négociation amiable avec la banque via le médiateur bancaire évite les frais et délais judiciaires
  • Le choix du recours dépend de votre urgence, de vos moyens financiers et de la complexité juridique du dossier
  • Des clauses protectrices existent pour sécuriser vos futurs engagements et éviter de reproduire la même situation

Les quatre critères jurisprudentiels qui caractérisent l’excès

La jurisprudence française a progressivement affiné les critères permettant de qualifier un cautionnement de manifestement disproportionné. Ces critères ne relèvent pas de la pure théorie juridique : ils constituent une grille d’évaluation concrète que vous pouvez appliquer immédiatement à votre propre situation. Contrairement aux définitions abstraites du Code de la consommation, les décisions de justice récentes fournissent des seuils chiffrés et des méthodes de calcul précises.

Le premier critère examine le ratio entre la dette du débiteur principal et ses capacités financières réelles. Les tribunaux ne se contentent pas d’observer le montant nominal de la dette : ils analysent la viabilité économique du projet initial. Si le débiteur principal était déjà en situation de surendettement au moment où vous avez signé la caution, ou si le montant emprunté dépassait manifestement sa capacité de remboursement, cet élément plaide en votre faveur. La banque aurait dû identifier ce risque et ajuster ses exigences en conséquence.

Le deuxième critère, central dans la plupart des décisions, concerne la disproportion entre vos revenus et patrimoine personnels par rapport au montant cautionné. La jurisprudence a établi un seuil indicatif particulièrement éclairant : un engagement excédant le tiers de vos revenus annuels caractérise généralement une disproportion manifeste. Ce calcul doit intégrer l’ensemble de vos charges incompressibles pour refléter votre capacité réelle de remboursement. Un engagement représentant 100% de votre patrimoine total constitue également une présomption forte de disproportion.

La disproportion doit être manifeste, c’est-à-dire flagrante ou évidente pour un professionnel raisonnablement diligent

– Cour d’appel, Lettre des réseaux – jurisprudence bancaire

Le troisième critère porte sur la qualité de l’information préalable fournie par la banque. Si l’établissement bancaire ne vous a pas clairement expliqué la portée de votre engagement, s’il a minimisé les risques ou exercé des pressions pour obtenir votre signature, ces manœuvres constituent des vices du consentement. La loi impose à la banque un devoir de mise en garde renforcé : elle doit vérifier que vous avez pleinement conscience des conséquences financières en cas de défaillance du débiteur. L’absence de remise de la fiche de renseignements ou son remplissage incomplet peut suffire à caractériser ce manquement.

Le quatrième critère, souvent négligé, analyse l’évolution de la dette par rapport à l’engagement initial. Vous avez peut-être signé une caution pour un montant raisonnable, mais la banque a ensuite accordé des découverts successifs ou des lignes de crédit supplémentaires sans votre accord explicite. Cette dérive progressive transforme un engagement proportionné en caution excessive. Les tribunaux sanctionnent régulièrement les banques qui augmentent unilatéralement l’exposition de la caution sans information ni validation préalable.

Critère d’évaluation Seuil de disproportion Application jurisprudentielle
Ratio dette/revenus annuels Supérieur au tiers des revenus Disproportion manifeste caractérisée
Patrimoine total/engagement Engagement = 100% du patrimoine Présomption de disproportion
Endettement global Cumul des cautions existantes Prise en compte obligatoire

L’application concrète de ces critères nécessite une évaluation honnête de votre situation au moment de la signature. 73% des demandes d’annulation pour disproportion sont rejetées en 2024, principalement parce que les cautions ne parviennent pas à démontrer factuellement la réunion de ces critères. Cette statistique souligne l’importance capitale de la phase suivante : la constitution méthodique d’un dossier probatoire avant toute démarche de contestation.

Constituer un dossier probatoire avant toute démarche

Une fois identifiée la probabilité que votre situation corresponde aux critères jurisprudentiels d’excès, l’étape déterminante consiste à transformer cette intuition en démonstration factuelle. Les tribunaux ne se satisfont pas d’affirmations générales : ils exigent des preuves documentaires précises, datées et vérifiables. La qualité de votre dossier probatoire conditionne directement vos chances de succès, que vous choisissiez la voie de la négociation amiable ou celle du contentieux judiciaire.

La collecte documentaire débute par vos justificatifs financiers personnels. Vous devez rassembler tous les bulletins de salaire et avis d’imposition des trois années précédant la signature de la caution. Ces documents établiront votre niveau de revenus à la date critique. Complétez ce dossier par vos justificatifs de charges incompressibles : crédits immobiliers en cours, pensions alimentaires, loyers, charges de copropriété. L’objectif est de calculer votre reste à vivre réel, c’est-à-dire la somme effectivement disponible après déduction de toutes vos obligations financières.

L’établissement d’un état patrimonial détaillé constitue la deuxième strate probatoire essentielle. Listez l’intégralité de vos actifs avec leurs justificatifs : actes de propriété pour l’immobilier, relevés bancaires pour l’épargne, attestations de valeur pour les véhicules ou les biens mobiliers significatifs. Ce recensement doit être exhaustif mais réaliste : indiquez la valeur vénale réelle, pas une estimation optimiste. Parallèlement, documentez toutes vos dettes existantes au moment de la signature pour démontrer votre taux d’endettement global.

Axe Macro & Textural : gros plan sur des documents financiers examinés à la loupe

Cette analyse documentaire révèle souvent des éléments que vous aviez négligés lors de la signature. Le rapport entre votre patrimoine net et le montant cautionné apparaît avec une clarté nouvelle. Si vous découvrez que l’engagement représentait 80% ou plus de votre patrimoine total, ce constat chiffré devient un argument déterminant.

La reconstitution chronologique de votre relation bancaire forme le troisième pilier du dossier. Établissez une timeline précise : date de la première demande de caution, dates des échanges avec le conseiller bancaire, date de signature de l’acte, dates des éventuels avenants ou augmentations de la dette. Pour chaque étape, rassemblez les traces écrites : courriers, emails, copies de la fiche de renseignements, compte-rendu d’entretiens si vous en aviez rédigé. Ces documents permettront de prouver un défaut d’information ou des pressions exercées par la banque.

Documents essentiels pour prouver la disproportion

  1. Rassembler tous les bulletins de salaire et avis d’imposition des 3 dernières années
  2. Établir un état patrimonial détaillé avec justificatifs immobiliers et mobiliers
  3. Documenter chronologiquement tous les échanges avec la banque
  4. Calculer précisément le ratio engagement/patrimoine au moment de la signature
  5. Faire certifier l’état patrimonial par un expert-comptable si possible

L’évaluation chiffrée comparative constitue l’élément de synthèse de votre dossier. Créez un tableau récapitulatif présentant trois ratios clés : revenus annuels versus engagement de caution, patrimoine total versus montant cautionné, capacité de remboursement mensuelle versus mensualité théorique si la dette était appelée. Ces calculs doivent être présentés de manière claire, avec les sources de chaque donnée. Si possible, faites valider ces calculs par un professionnel du chiffre pour renforcer leur crédibilité.

La jurisprudence récente illustre l’impact décisif d’un dossier probatoire solidement constitué. La Cour d’appel de Versailles a prononcé le 3 septembre 2024 la déchéance totale des engagements de caution de Monsieur X après analyse approfondie de sa situation financière, démontrant que le cautionnement de 435.000 euros représentait la totalité du patrimoine et trois années de revenus de la caution. Ce succès reposait entièrement sur la qualité de la documentation fournie, permettant aux juges de constater immédiatement la disproportion manifeste.

Les données statistiques confirment cette corrélation entre qualité probatoire et issue favorable. Une fiche de renseignements complète augmente le taux de succès à 65%, tandis qu’un état patrimonial certifié par un professionnel atteint 82% de décisions favorables. À l’inverse, les dossiers sans documentation structurée ne réussissent que dans 27% des cas et nécessitent des délais de résolution deux à trois fois plus longs. Cet investissement initial dans la constitution du dossier devient donc l’outil de négociation qui permet d’aborder la banque en position de force.

Négocier la réduction avant l’escalade judiciaire

Votre dossier probatoire solidement constitué devient l’instrument d’une stratégie de négociation pré-contentieuse souvent plus efficace que l’action judiciaire directe. Les contenus juridiques classiques négligent systématiquement cette phase amiable pour se concentrer sur les recours formels. Cette approche ignore pourtant une réalité économique simple : un procès coûte à la banque entre 5000 et 15000 euros en frais d’avocat et de procédure, sans garantie de recouvrement final. Face à un dossier démontrant une disproportion manifeste, l’établissement bancaire dispose d’une forte incitation financière à transiger.

La première étape consiste à formaliser votre contestation par un courrier de mise en demeure structuré. Ce document ne doit pas se limiter à exprimer votre désaccord : il doit présenter une argumentation juridique précise référençant l’article L. 341-4 du Code de la consommation, citer la jurisprudence applicable à votre situation, et formuler une demande chiffrée claire. Indiquez le montant de réduction sollicité ou proposez un rééchelonnement précis. Annexez les pièces justificatives démontrant la disproportion : extraits de l’état patrimonial, calcul du ratio revenus/engagement, copies des échanges révélant un défaut d’information.

L’efficacité de ce courrier repose sur son caractère factuel et mesuré. Évitez les formulations émotionnelles ou accusatrices qui braqueraient votre interlocuteur. Adoptez un ton professionnel démontrant que vous maîtrisez vos droits et que vous êtes prêt à aller jusqu’au contentieux si nécessaire. Précisez un délai de réponse raisonnable, généralement 30 jours, au-delà duquel vous saisirez le médiateur bancaire puis les juridictions compétentes.

Le médiateur bancaire peut être saisi deux mois après l’envoi d’une première réclamation écrite, quel que soit l’interlocuteur

– ACPR, Recommandation 2022-R-01 du 9 mai 2022

Si le service gestionnaire initial oppose un refus ou ne répond pas, l’escalade interne constitue votre deuxième levier. Adressez-vous au service contentieux de la banque plutôt qu’à votre conseiller habituel. Ce service dispose d’une vision plus stratégique du coût-bénéfice d’un litige et d’une latitude de décision plus large. Renouvelez votre demande en insistant sur les risques juridiques identifiés dans votre dossier et sur votre détermination à poursuivre la contestation.

Axe Environnemental & Minimaliste : salle de médiation épurée avec table de réunion

Cette approche graduée crée une pression constructive sur la banque. Votre interlocuteur comprend que vous ne renoncez pas et que le coût du contentieux augmentera progressivement. Les services gestionnaires suivent pratiquement toujours les avis du médiateur, rendant cette étape déterminante dans la résolution du litige.

Le recours au médiateur bancaire représente l’étape intermédiaire formelle. Vous pouvez le saisir deux mois après l’envoi de votre première réclamation écrite. La saisine est gratuite et suspend les délais de prescription, vous protégeant ainsi contre une forclusion pendant l’examen du dossier. Le médiateur dispose d’une autorité morale significative : bien qu’il ne puisse pas imposer sa décision, les banques suivent ses recommandations dans l’immense majorité des cas pour préserver leur image et éviter des contentieux coûteux.

Vos propositions alternatives doivent apparaître crédibles et réalisables pour maximiser vos chances d’aboutir à un accord. Plutôt que de demander systématiquement l’annulation totale de la caution, envisagez des solutions intermédiaires : rééchelonnement de la dette sur une durée plus longue, plafonnement de votre engagement à un pourcentage défini de vos revenus annuels, limitation dans le temps avec extinction progressive de la caution, ou substitution par une garantie réelle moins exposante. Ces propositions démontrent votre bonne foi et facilitent l’acceptation par la banque.

Étapes de négociation amiable avec la banque

  1. Envoyer une mise en demeure structurée mentionnant l’article L. 341-4 du Code de la consommation
  2. Proposer un rééchelonnement de la dette ou une réduction partielle du montant
  3. Si refus, saisir le médiateur bancaire dans les 2 mois
  4. En cas d’échec de la médiation, envisager une procédure participative avec avocats
  5. Faire homologuer l’accord trouvé par le juge pour lui donner force exécutoire

L’argument économique constitue votre dernier levier de pression. Rappelez à la banque que le coût d’un procès au fond dépasse largement le montant d’une réduction partielle de créance. Si votre situation financière démontre objectivement votre incapacité de remboursement total, la banque risque de ne rien récupérer après des années de procédure. Une transaction amiable, même comportant un abandon partiel de créance, reste préférable à un jugement imprévisible assorti de frais irrécupérables. Cette réalité économique, exposée factuellement dans votre correspondance, peut débloquer des négociations enlisées.

Si vous parvenez à un accord, exigez systématiquement sa formalisation écrite et son homologation judiciaire. Un simple échange de courriers ne suffit pas : demandez la rédaction d’un protocole transactionnel détaillant précisément les engagements réciproques. Faites homologuer cet accord par le juge compétent pour lui conférer force exécutoire et éviter toute contestation ultérieure. Cette sécurisation juridique clôture définitivement le litige et vous prémunit contre une réouverture du dossier. Pour optimiser cette démarche parallèlement à votre situation globale, pensez à évaluer votre capacité d’emprunt avant d’envisager de nouveaux engagements financiers.

Hiérarchiser vos recours selon l’urgence et vos moyens

Lorsque la négociation amiable n’aboutit pas ou que votre situation exige une intervention judiciaire immédiate, le choix du recours approprié devient déterminant. Contrairement aux présentations juridiques classiques qui se contentent de lister les voies de recours disponibles, votre décision doit intégrer trois variables concrètes : le degré d’urgence de votre situation, vos ressources financières disponibles, et la complexité juridique de votre dossier. Ces paramètres dessinent une matrice décisionnelle personnalisée.

L’urgence constitue le premier critère de discrimination. Si vous faites face à une saisie immobilière imminente, à un blocage de comptes bancaires ou à une saisie sur salaire déjà notifiée, le référé suspension s’impose. Cette procédure d’urgence permet d’obtenir en quinze jours environ une décision provisoire suspendant l’exécution des poursuites le temps que le juge du fond examine le litige sur le caractère excessif de la caution. Le coût du référé se situe généralement entre 500 et 2000 euros d’honoraires d’avocat, selon la complexité du dossier et la notoriété du professionnel choisi.

À l’inverse, si aucune menace d’exécution immédiate ne pèse sur vous, privilégiez l’action au fond qui offre une résolution définitive du litige. Cette procédure nécessite des délais plus longs, généralement douze à dix-huit mois, mais aboutit à un jugement ayant autorité de chose jugée. L’investissement financier reste significatif, entre 3000 et 10000 euros selon la complexité du dossier, mais cette solution évite de multiplier les procédures et sécurise juridiquement votre situation de manière pérenne.

Axe Humain & Émotionnel : main hésitante au-dessus d'un stylo, moment de réflexion avant signature

Cette image symbolise l’hésitation légitime avant un engagement majeur. Avec le recul, vous comprenez peut-être l’importance de cette pause réflexive que vous n’avez pas suffisamment prise lors de la signature initiale de la caution.

Le montant en jeu guide également le choix de la procédure. Pour les litiges inférieurs à 5000 euros, la conciliation gratuite devant le conciliateur de justice représente une option pertinente. Cette procédure totalement gratuite aboutit dans un délai moyen de trois mois à une proposition de solution amiable. Bien que le conciliateur ne dispose pas d’un pouvoir de décision contraignant, son intervention facilite souvent un accord que les parties n’auraient pas trouvé seules.

Vos ressources financières déterminent l’accès aux recours payants. Si votre revenu fiscal de référence ne dépasse pas certains plafonds, l’aide juridictionnelle peut prendre en charge totalement ou partiellement vos frais d’avocat et de procédure. Les plafonds de revenu fiscal de référence en vigueur depuis janvier 2024 s’établissent à 12 712€ pour l’aide totale et 19 066€ pour l’aide partielle. L’obtention de cette aide allonge les délais d’environ deux mois, mais elle rend accessible un accompagnement juridique professionnel qui serait autrement hors de portée.

Situation Recours recommandé Coût estimé Délai
Urgence (saisie imminente) Référé suspension 500-2000€ 15 jours
Montant < 5000€ Conciliation gratuite 0€ 3 mois
Dossier complexe Action au fond avec avocat 3000-10000€ 12-18 mois
Ressources limitées Aide juridictionnelle 0€ si accordée +2 mois délai

La complexité juridique de votre dossier influence directement le besoin d’accompagnement professionnel. Un cautionnement simple avec une disproportion manifeste et documentée peut se plaider sans avocat devant le juge des contentieux de la protection pour les montants inférieurs à 10000 euros. En revanche, si votre situation cumule plusieurs problématiques (vice du consentement, évolution de la dette, pluralité de cautions solidaires), l’expertise d’un avocat spécialisé en droit bancaire devient indispensable pour construire une stratégie argumentative cohérente.

Les associations de défense des consommateurs constituent une ressource intermédiaire précieuse. Des structures comme l’UFC Que Choisir ou la CLCV proposent un accompagnement juridique à coût réduit, voire gratuit pour leurs adhérents. Elles peuvent vous aider à constituer votre dossier, rédiger vos courriers et vous orienter vers les recours appropriés. Certaines acceptent même d’intervenir en justice pour défendre vos intérêts lorsque le litige présente un caractère d’intérêt collectif.

L’arbre de décision optimal intègre l’ensemble de ces paramètres. Posez-vous systématiquement trois questions : ai-je une menace d’exécution dans les trois prochains mois nécessitant une protection urgente ? Mes ressources financières me permettent-elles d’avancer les frais d’avocat ou dois-je solliciter l’aide juridictionnelle ? La complexité de mon dossier requiert-elle impérativement l’intervention d’un professionnel du droit ou puis-je me défendre seul pour un litige simple ? Les réponses à ces questions dessinent naturellement le recours adapté à votre situation particulière. Si vous faites par ailleurs face à un endettement global complexe, n’hésitez pas à consulter les ressources disponibles pour gérer vos dettes bancaires de manière structurée.

À retenir

  • La disproportion manifeste s’évalue selon quatre critères jurisprudentiels précis que vous pouvez appliquer à votre situation
  • Un dossier probatoire complet multiplie par trois vos chances de succès et réduit les délais de résolution
  • La négociation amiable via le médiateur bancaire aboutit dans la majorité des cas sans frais judiciaires
  • Le choix du recours dépend de trois variables : urgence, budget et complexité du dossier
  • Les clauses protectrices négociées avant signature préviennent tout engagement futur excessif

Sécuriser vos futurs engagements de caution

Une fois votre situation actuelle résolue, l’enjeu se déplace vers la prévention. Les contenus juridiques se focalisent quasi exclusivement sur la contestation a posteriori, négligeant totalement la dimension préventive qui vous évitera de revivre ce parcours anxiogène. Transformer cette expérience négative en apprentissage actionnable nécessite d’intégrer des réflexes de sécurisation avant toute signature future d’engagement de caution.

Les mentions manuscrites obligatoires constituent votre première ligne de défense. Le Code de la consommation impose la reproduction manuscrite de mentions spécifiques, mais toutes les formulations ne se valent pas. Vérifiez systématiquement que le montant maximum de votre engagement apparaît en chiffres ET en lettres de manière parfaitement cohérente. Exigez l’ajout d’une durée déterminée précise : évitez absolument les engagements à durée indéterminée qui vous exposent indéfiniment. Assurez-vous que la mention de proportionnalité figure explicitement dans l’acte.

Au-delà des mentions légales minimales, négociez l’insertion de clauses protectrices supplémentaires. Un plafond de responsabilité exprimé en pourcentage de vos revenus annuels, idéalement limité à 30% maximum, encadre automatiquement votre exposition. Une clause de révision annuelle obligatoire permet de réévaluer l’engagement en fonction de l’évolution de votre situation patrimoniale et de celle du débiteur. Demandez également l’insertion d’une clause d’alerte automatique : la banque devra vous informer dès que la dette atteint certains seuils prédéfinis, vous permettant d’anticiper une éventuelle mise en jeu de la caution.

La phase de questionnement préalable transforme radicalement votre posture face à la demande de caution. Avant toute signature, posez systématiquement ces questions à la banque et exigez des réponses écrites : quel est le ratio dette/revenus actuels du débiteur principal ? Quelle est la durée prévisible de remboursement dans des conditions normales ? Quels scénarios de défaillance ont été identifiés et quelle est leur probabilité estimée ? Ces questions signalent à la banque votre vigilance et génèrent des éléments probatoires utiles en cas de contestation future.

Checklist avant de signer un cautionnement

  1. Vérifier la présence d’un plafond maximum d’engagement en chiffres et lettres
  2. Exiger une durée limitée dans le temps (éviter les engagements indéterminés)
  3. Demander une clause de révision annuelle de l’engagement
  4. Négocier un engagement limité à un pourcentage de vos revenus (max 30%)
  5. Privilégier les garanties alternatives : caution mutuelle, assurance-crédit
  6. Faire relire l’acte par un professionnel du droit avant signature

L’exploration des alternatives à la caution personnelle doit devenir un réflexe systématique. La garantie Visale, totalement gratuite, couvre de nombreuses situations locatives sans engagement personnel de votre part. Les sociétés de caution mutuelle mutualisent les risques contre une cotisation annuelle modeste, généralement entre 2 et 4% du loyer annuel pour les locations, évitant ainsi l’exposition illimitée de votre patrimoine. L’assurance loyers impayés protège le propriétaire sans vous impliquer personnellement. Pour les garanties bancaires, le nantissement d’une somme ou d’un portefeuille titres limite votre risque au montant effectivement bloqué.

Type de garantie Avantages Inconvénients Coût indicatif
Garantie Visale Gratuite, sans engagement personnel Conditions d’éligibilité strictes 0€
Caution mutuelle Risque mutualisé, montant plafonné Cotisation annuelle 2-4% du loyer annuel
Assurance loyers impayés Protection complète propriétaire Non cumulable avec caution physique 2-3% loyer annuel
Nantissement Pas d’engagement personnel direct Immobilisation de capital Frais bancaires variables

La relecture par un professionnel constitue l’ultime sécurisation avant signature. Même si l’acte vous paraît standard, investissez une ou deux heures de consultation juridique pour faire analyser le document par un avocat spécialisé ou un notaire. Ce professionnel identifiera les clauses abusives, les formulations ambiguës ou les extensions tacites de garantie qui vous échapperaient. Le coût de cette consultation, généralement entre 150 et 300 euros, représente une assurance infiniment moins coûteuse qu’un engagement disproportionné découvert trop tard.

L’intégration de ces réflexes préventifs transforme radicalement votre rapport aux engagements de caution. Vous passez d’une posture passive de signature sous pression à une démarche active d’évaluation des risques et de négociation des conditions. Cette évolution protège non seulement votre patrimoine, mais aussi votre sérénité financière future. Chaque clause négociée, chaque alternative explorée, chaque question posée constitue un verrou supplémentaire contre la reproduction d’une situation de caution excessive.

Questions fréquentes sur la caution bancaire excessive

Puis-je contester une caution sans avocat ?

Oui, pour les litiges inférieurs à 10 000 euros devant le juge des contentieux de la protection, l’avocat n’est pas obligatoire. Vous pouvez vous défendre seul en présentant un dossier probatoire solide et des arguments juridiques structurés. Toutefois, pour les dossiers complexes ou les montants importants, l’accompagnement d’un avocat spécialisé en droit bancaire augmente significativement vos chances de succès.

Quel tribunal est compétent pour contester une caution ?

Le tribunal judiciaire est compétent pour les cautions personnes physiques dans le cadre d’un engagement non professionnel. Pour les cautions commerçantes ayant un intérêt patrimonial direct dans l’opération cautionnée, le tribunal de commerce peut être compétent. La nature exacte de votre engagement et votre qualité au moment de la signature déterminent la juridiction appropriée.

La médiation bancaire suspend-elle les poursuites en cours ?

Oui, le délai de prescription est suspendu pendant toute la durée de la médiation ou de la conciliation. Cette suspension vous protège contre une forclusion et empêche la banque de faire courir les délais pendant que vous tentez de résoudre le litige à l’amiable. La médiation constitue donc une étape stratégique qui préserve vos droits tout en explorant une solution négociée.

Quels sont les délais pour contester une caution excessive ?

Le délai de prescription pour contester le caractère disproportionné d’une caution est de cinq ans à compter de la conclusion du contrat de cautionnement. Toutefois, ce délai peut être suspendu ou interrompu par certains actes comme une mise en demeure, une saisine du médiateur ou l’introduction d’une instance judiciaire. Il est recommandé d’agir rapidement dès que vous prenez conscience du caractère excessif de votre engagement.

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